Le festin de Cioranette - Episode 2
Après le premier épisode raconté avant-hier, voici donc la suite du festin préparé, avec amour et talent, par ma soeurette Cioranette. En fait, le lendemain, nous avons fait la dînette à la bonne franquette dans sa cuisine inondée de soleil.
Verrine de sardine au pesto de roquette
Oui, la verrine promise le samedi soir est arrivée le dimanche midi mais mieux vaut tard que jamais, parole de gourmande !
Dans le fond du verre, des filets de sardines à l'huile écrasés avec un peu de mascarpone et de la ciboulette ciselée. Par dessus, un pesto de roquette avec les classiques pignons de pin et parmesan mais en remplaçant l'ail par de l'échalote qui va beaucoup mieux à la sardine selon Cioranette (remarque de bon aloi à laquelle je plussoie). En déco, une jolie feuille de betterave et une tranchette grillée de cette petite fougasse (ce sont des tomates cerises dessus). Ce que j'aime dans la cuisine de ma soeur, c'est son sens du détail tout simple mais qui égaie et change tout.
Après, ce fut comme un pique-nique avec les restes du saumon fumé de la veille (celui qui garnissait les barquettes d'endive) et un succulent pâté de foie haché au couteau car mixer du foie est une hérésie et puis c'est tout :
Ensuite, le somptueux plateau de fromages qui nous avait manqué la veille :
Dans le fond, un chaource et un brebis français que j'ai délaissés sans remord, me réservant pour les estrangers qui font de bien belles choses avec le lait des vaches. Dans le fond, à droite, un Chimay à la bière, la tendresse d'un fromage trappiste allié à la force de la bière brune. Eh, eh, si les prières de ces moines étaient aussi efficaces que leurs produits sont délectables, le monde tournerait mieux ! Et puis, échappé du plateau, un Boû d'Fagne :
Une déclinaison crémeuse du fromage de Herve, un belge qui ressemble, paraît-il, au Maroilles. En tous cas, ça pue autant que c'est excellent.
Puis, parce qu'il y a de bonnes, très bonnes épiceries italiennes à Bruxelles, un gorgonzola divinement fondant et crémeux mais, surtout, un fromage de nom inconnu parfumé à la châtaigne et parfait avec le vin de Toscane choisi :
La texture ressemble à un vieux parmesan à la fois friable et fondant en bouche. Le sublime de ce fromage réside dans ses arômes subtils de marron. Et pourtant, il n'en contient pas...
Voilà l'histoire, d'après le vendeur : en Italie, ils font sécher leurs châtaignes sur des claies au-dessus d'un feu et, encore au-dessus, posent les fromages qui s'imprègnent ainsi des effluves si parfumés de la fumée. Enfin, les fromages sont enserrés dans des feuilles brunes de châtaigner. Et, franchement, l'affaire vaut le détour !
Passons maintenant aux desserts :
Mini-Cannelés Italiens au sirop d'amaretto
Cioranette les a dénichés toujours dans la même épicerie italienne et a pensé qu'ils me plairaient. Oh oui, j'adore l'amande ! Jadis, à Bordeaux, j'ai goûté les cannelés classiques, beurk. La même pâte infecte que les clafoutis et ce n'est pas la croûte caramélisée qui peut compenser cette horreur gluante en bouche. Je déteste les cannelés !
Ici, ce sont de toutes petites bouchées, servies dans une soucoupe, baignant dans un sirop à l'amaretto qui leur apporte un divin parfum d'amande légèrement amère. Le contraste avec la pâte vraiment cuite, un peu sèche, est un pur délice. Je précise qu'ils existent aussi en grand.
Ce qui est amusant, c'est que le vendeur a affirmé qu'en fait, on ne savait pas réellement où était né le cannelé, à Bordeaux ou en Italie. Google, qui n'est pas omniscient quoi qu'on en pense, ignore tout de ces cannelés italiens sucrés. Il a juste trouvé des recettes de cannelés salés décrétés italiens parce qu'ils comportent olives, tomates séchés ou parmesan. Alors, quid du mystère de la naissance des cannelés ????
Enfin, peu importe, pourvu qu'on ait le plaisir de la dégustation, accompagnée ici d'un réconfortant thé à la menthe :
Et nous terminons le menu gastronomique de Cioranette par son dessert. Eh oui, un seul dessert car, dans la famille, on est plus bec salé que sucré.
Verrine tiramissée aux fruits rouges
C'est moi qui l'ai baptisée ainsi car cette coupe ressemble à un tiramisu mais sans en être car elle se prépare au dernier moment. Enfin, avec un peu de préparation.
La veille, Cioranette a mis à dégeler au réfrigérateur des fruits rouges congelés arrosés d'eau de fleur d'oranger. A la fin du repas, elle dépose des speculoos en gros morceaux dans le fond des verres, les fruits rouges au dessus et elle nappe le tout de mascarpone fouetté avec un peu de crème liquide. Elle termine par une truffe de chocolat aux speculoos et un voile de chocolat en poudre mais pas n'importe lequel : un mélange de cacao, poudre d'or, cannelle et myrrhe :
J'avais déjà vu sur les blogs du mascarpone fouetté dans de faux-tiramisu mais je restais sceptique. J'avais bien tort ! Cette mousse crémeuse se tient parfaitement et reste plus légère qu'avec des oeufs. Une belle association avec les fruits rouges légèrement acidulés mais parfumés. Avec les speculoos que j'adore et ce sublime cacao, cette verrine si simple à faire se révèle un dessert tout à l'image de la cuisine de ma soeur, intuitive, sensitive, sensuelle même et tellement généreuse.
D'ailleurs, on ne peut quitter la table de Cioranette qu'en arborant le sourire extatique du Bouddha de son salon :
Dites, puisque vous êtes là, vous ne sauriez pas comment convaincre Cioranette d'ouvrir un blog ? Je n'y arrive pas et je trouve vraiment que c'est du gâchis de ne pas partager ce talent.