Couscous de tradition normande
Si on veut manger un couscous sur Lille, les restaurants plus ou moins typiques ne manquent pas. Au fil des années, j'ai eu aussi l'occasion de goûter des couscous familiaux, préparés par des femmes, françaises ou non, mais toutes nées au Maroc et qui avaient appris la cuisine avec leur mère. Les recettes varient selon les familles (chacune a son raz el hanout, mélange d'épices, personnel), l'inspiration et les moyens financiers. Tous ces couscous étaient donc différents et le dernier, servi pourtant avec de la semoule, contenait même des pommes de terre.
Tout cela pour dire que l'expression Couscous de tradition marocaine, je ne l'ai jamais entendue et elle ne me semble pas avoir grand sens (d'ailleurs, Google, qui sait tout, ne la connaît pas non plus). Je fut dès lors fort étonnée de croiser cet intitulé en Normandie deux fois en une semaine. La première, c'était sur le marché, un stand qui proposait le couscous qui n'existe pas encore dans les restos du coin. La seconde, c'était sur l'affiche annonçant la fête de l'école d'un village avec, au menu, ce fameux couscous de tradition marocaine.
Mon sens de la contradiction m'a évidemment poussée à bousculer illico les traditions autant normandes que marocaines et de cuisiner poulet, pommes et camembert en un plat qui dépote :
Le Couscous de tradition normande
Le poulet est rôti, découpé puis passé au gril avec une belle tranche de camembert au calvados. La semoule est enrichie non pas des classiques raisins secs mais de dés de pomme. En accompagnement, pour être raccord avec la saison, j'ai choisi une printanière de légumes cuite dans un bouillon de poule. Quant aux épices, exit le raz el hanout. J'ai plutôt pensé au cinq épices chinois dont la douceur s'accorde mieux aux pommes fruitées et parce que les restaurants asiatiques, non plus, n'ont pas encore débarqué en Normandie profonde. Contrairement d'ailleurs aux kebabs qu'on trouve dans des petites villes avec des devantures, ma foi, plus charmantes que dans la métropole lilloise :
Pour la mise en oeuvre, farcissez le poulet d'herbes odorantes (sauge et romarin pour ma part), sel et poivre. Faites-le rôtir au four. Pendant ce temps, cuisez la printanière de légumes dans un bouillon léger de poule généreusement parfumé de cinq épices chinois. Faites sauter au beurre des pommes en dés (les flamber au calvados ne devrait pas leur nuire). Préparez la semoule à votre mode.
Quand le poulet est cuit, découpez-le en parts (perso, j'enlève la peau trop grasse). Recouvrez de tranches de camembert au calvados et faites griller au four. Servez avec la printanière de légumes, un peu de bouillon et la semoule mélangée aux dés de pomme.
Mon couscous peut sembler étrange. Sans doute mais guère plus que ce tapis pseudo-marocain étalé à l'orée d'un chemin de randonnée en Suisse Normande, non ?
En fait, j'ai bien fait d'aller en Normandie car j'y ai découvert que le camembert, c'est bien bon. Je pensais ne pas apprécier ce fromage, c'est juste que je n'aimais pas le mauvais camembert. Grillé sur le poulet, quel délice !