Tableau Miam #71
Durant la Messe de Minuit, les croyants célèbreront la naissance du Christ, sujet souvent repris dans les triptyques dont furent coutumiers les peintres flamands du Moyen-Age.
S'inspirant de ses prédécesseurs, le belge Léon Frédéric a réinterprété cette forme d'oeuvre fin 19e, début 20e siècle, avec de tout autres sujets. Peintre naturaliste, il préféra rendre hommage à ses contemporains moins chanceux que lui, issu d'une famille de bijoutiers.
Le Musée Fin de Siècle à Bruxelles présente plusieurs de ses oeuvres dont ce spectaculaire triptyque de 2m de hauteur :
Le Matin. Midi. Le Soir.
1892
Au lever du jour, une partie de la famille s'en va par les chemins livrer de la craie à dos d'homme. Et d'enfant.
Le Matin
A midi, la mère vient les rejoindre avec les autres enfants pour partager un maigre repas, pris à même le sol.
Midi
Le soir, les travailleurs rentrent au bercail sous un ciel toujours plombé, Belgique oblige.
Le Soir
Contrastant avec les tables de Réveillon richement garnies de ce soir, ces pauvres gens se nourrissent de peu...
... ce qui ne les empêchent pas de prier avec ferveur.
Ce triptyque suinte la désolation humaine sans verser pour autant dans le misérabilisme. Certes, j'y vois un portrait de la résignation - le seul moyen avec la religion de supporter cette existence -mais pas que.
En effet, plus encore que dans les tableaux de Jean-François Millet, je reste émue devant la dignité, les regards, les gestes de communion entre les membres de cette famille.
Dans le même esprit, je vous partage aussi ce tableau exposé sur le mur d'à côté. Et oui, des Belges ont jadis fuit en masse la misère de leur terre natale. D'autres Européens aussi.
Nous voilà maintenant au XXIe siècle, la roue tourne, les temps changent, la misère demeure, hélas.
Les Emigrants - 1894
Eugène Laermans
Joyeux Noël à vous !
Ciorane