A la trace du Bobotie avec Deon Meyer
Quand j'ai envie de trouver de nouvelles idées de recettes, il m'arrive d'ouvrir un livre, non pas de cuisine mais un polar. Eh oui, les meurtres ouvrent l'appétit et pas seulement celui des anthropophages ! Voyez plutôt la trouvaille faite dans le dernier Deon Meyer :
page 664 :
"Elle exerçait ses talents culinaires et leur préparait un bobotie* au riz jaune et patates douce - un de ses plats préférés."
*Note du Traducteur : Plat malais emblématique de la cuisine du Cap.
page 681 :
" les sandwiches étaient au bobotie et au chutney, et il y avait un sachet de noix de cajou."
Après avoir savouré avec un plaisir gourmand les 700 et quelques pages de ce roman policier encore plus brillant, intense, virtuose, magistral, sensationnel et renversant que les six précédents de Deon Meyer, j'ai décidé de poursuivre le voyage en Afrique du Sud avec ce bobotie intrigant.
Évidemment, comme pour tout plat traditionnel, les recettes que nous en propose Mister Google sont diverses et variées. En gros, disons qu'il s'agit d'un pain de viande en sucré-salé, cuit au four sous une couche de flan aux oeufs. La description n'est pas très engageante, je vous l'accorde, mais le résultat est vraiment bluffant. Certes pas de la gastronomie raffinée mais de l'honnête cuisine, roborative tout en restant savoureuse. Ce type de plat n'est guère photogénique, surtout au soleil couchant, mais vraiment, je vous conseille cette étonnante expérience culinaire.
Le Bobotie de quat'sous
Comme bien souvent, pour la recette, j'ai fait un mix personnel de tout ce que j'ai trouvé, suivant mes envies et mes moyens, puis j'ai trifouillé à ma mode. En particulier, j'ai forcé sur la quantité de pain pour obtenir un plus gros volume et j'ai ajouté une tige de céleri-branche pas très sud-africaine sans doute mais elle me restait d'un plat de moules au Maroilles. Faut pas gâcher...
Pour 3 à 4 personnes :
300 g de steak haché - 80 g de pain aux céréales - 35 cl de lait - 2 oeufs - 1 oignon - 2 gousses d'ail - 1 branche de céleri - 1 poignée de raisins secs - 1 poignée d'amandes effilées - 1/2 pomme acide - 1 cs de confiture d'abricot - 2 cc de curry - 1 pincée de muscade - 1 pincée de gingembre en poudre - 1 feuille de laurier
Faites tremper dans 20 cl de lait (ou + si le pain est sec) le pain coupé en dés. Faites revenir 5 mn la viande sans matière grasse. Ajoutez l'oignon et l'ail hachés, la branche de céleri et la pomme épluchées et coupée en mini dés, la feuille de laurier et les épices. Laissez mijoter 5 mn à couvert.
Incorporez le pain égoutté et bien écrasé, les raisins, les amandes et la confiture. Poivrez généreusement mais salez peu (le pain l'est déjà pas mal). Tassez avec le dos d'une cuillère à gratin au fond d'un plat à gratin plutôt haut et étroit (à défaut, prenez un moule à cake). Recouvrez du mélange oeufs battus avec 15 cl de lait. Enfournez à 200°C, baissez à 150°C si le bobotie colore trop, pour une cuisson d'environ 40 mn.
A priori, je n'apprécie pas les pains de viande, toujours trop secs ou trop gras, ni le flan d'ailleurs mais j'ai adoré ce bobotie ! Cuite ainsi à l'abri de ce tendre couvercle, la viande de boeuf pourtant sans matière grasse ajoutée reste moelleuse à souhait. Avec la quantité de pain, les épices et le céleri, le bobotie n'apparaît pas du tout sucré contrairement à ce que certains pourraient craindre (et j'en étais...). Les amandes effilées qui croquent sous la dent sont aussi une bonne idée à garder pour d'autres terrines.
A défaut du riz ou des patates douces traditionnels, j'ai servi ce bobotie avec un gratin de pommes de terre économique cuit en même temps au four. Bon mariage avec une salade verte !
Si vous cédez aux sirènes du bobotie, je vous suggère d'en préparer une bonne quantité car il est aussi savoureux chaud que froid. Suivant la proposition de Deon Meyer, je l'ai goûté le lendemain en sandwich, non pas avec du chutney mais avec de la moutarde plus française, des câpres et des oignons au vinaigre, un délice !