Le Tableau Miam # 15

De Bernard Buffet, je ne connaissais que ces portraits cadavériques qui se ressemblent tous, dans des tons bruns et gris, glauques sans être poignants. Enfin, bref pas ma tasse de thé. Au Palais des Beaux-Arts de Lille, j'ai trouvé ces oignons pas plus joyeux :

Nature morte aux oignons
1948
Bernard Buffet

Un tableau plat et terne avec juste la casserole et les couverts qui ont un peu de relief, pas franchement le genre de tableau miam alléchant. Une nature morte et bien morte.

Mais bon, il en faut pour tous les goûts et peut-être que vous appréciez ce style de peinture avec une personnalité affirmée, il faut le reconnaître.

En tous cas, ce billet est pour moi l'occasion de découvrir la vie tumultueuse de Bernard Buffet dont j'ignorais tout. Déjà, je le croyais mort dans ma jeunesse. Et non, il a disparu en 1999 dans l'indifférence générale, y compris la mienne puisque je n'ai aucun souvenir de cette nouvelle.

Wikipedia n'est pas très bavard sur Bernard Buffet, j'en ai appris plus là, là et là. Né en 1928, il connu le succès avant même ses 20 ans. Jusqu'à ses 30 ans, il mena donc la grande vie au bras de son compagnon Pierre Bergé qui, manifestement, était doué pour gérer la carrière des artistes, de la peinture à la couture puisqu'en 1958, il quitta Bernard Buffet pour Yves Saint Laurent.

A partir de là, le pauvre peintre dégringole de son piédestal. Heureusement, il se console bien vite avec Annabel Schwob qui sera sa femme jusqu'à la fin de sa vie mais sa peinture plaît de moins en moins. Le figuratif n'a plus du tout la côte, il se retrouve totalement ringardisé.

Certes, en 1973, un riche Japonais a ouvert dans son pays un musée entièrement consacré à Bernard Buffet alors qu'en France, c'est plutôt l'oubli. Et le destin cruel ne s'arrête pas là : atteint de la maladie de Parkinson, il préfère se suicider, avant même de voir l'an 2000.

Des artistes qui ne furent reconnus qu'après leur disparition, il y en a pléthore. Mais être ainsi adulé dans sa jeunesse pour être ensuite rejeté et oublié, voilà qui fait de Bernard Buffet un peintre d'autant plus maudit. 

C'est donc avec une certaine émotion que je regarderai dorénavant ses oeuvres. Et je lui dédis ces recettes à l'oignon qui font pleurer :

Pour les périodes de vaches maigres, un gratin de pain, tomate et oignon.

Puis, une recette bien de ch'Nord où le ciel est parfois gris comme ses toiles (mais pas tout le temps, voyons !), une tarte à l'oignon et à la bière.

Enfin, des crackers à l'oignon pour apporter de l'ambiance sur les tables de fêtes.

Ciorane

Comments

[mamaz56]

hmm....ben moi j'aime bien...pourquoi.je n'en sais rien...oui c'est un peu triste mais je ne vous apprendrai pas que les oignons çà fait pleurer...

(zim boum, je remercie le clown qui dort en moi!)

et oui j'aime ce peintre...la plupart du temps...en tout cas une chose est sûre= j'ADORE les oignons, les échalotes et il faut en manger plein en hiver,c'est anti bactérien et plein de trucs pour lutter contre les microbes!et puis j'ADORE leurs odeurs quand ils blondissent....

[lililalili]

Et ses clowns sont effrayants de médiocrité. Je préfère encore "Ça" :d

[lililalili]

Moi aussi il me fait un peu pitié, ça ne devait pas être facile d'être homo à l'époque. N'empêche que je déteste ce qu'il peint, c'est glauque, moche et vraiment sans aucun talent ni aucune émotion....

[lililalili]

Pour le peu que j'en ai vu, au moins sa femme était assez intrigante...

[lililalili]

J'ai toujours détesté le travail de Bernard Buffet, c'est juste glauque sans aucun intérêt.