Bol de Nouilles Nippones au Hareng
"La cellule d'enquête créée au sein du commissariat de Fuse-Ouest reçut le rapport d'autopsie le lendemain de la découverte du corps. Son contenu confirmait les hypothèses du professeur Matsuno tant sur l'heure du décès que ses causes. La seule chose qui surprit Sasagaki fut le paragraphe relatif à l'estomac de la victime.
"Présence d'aliments non digérés de pâtes au sarrasin, de poireau, et de hareng. La mort est survenue deux heures à deux heures trente après leur ingestion", était-il écrit.
[...]
Selon sa veuve, Kirihara allait souvent chez Arigano, un restaurant situé dans la rue commerçante en face de la gare de Fuse. Un enquêteur s'y rendit, et le propriétaire confirma que le prêteur sur gages y était venu vendredi vers seize heures.
Il y avait mangé un bol de nouilles de sarrasin au hareng."
La lumière de la nuit - Keigo Higashino
A vrai dire, j'ai préparé ce plat de pâtes juste pour vous parler de ce roman incroyable, fabuleux, génial, etc, etc. Mélanger des nouilles japonaises avec du poireau et des harengs ne me disait rien qui vaille. Eh bien, contrairement à mes attentes, je fus totalement séduite. C'est drôlement bon !!!! Et je vous rassure, deux heures trente après ingestion de ce plat de nouilles, j'étais encore bien vivante, personne ne m'avait trucidée.
Dans mon placard, pas de soba, les nouilles japonaises au sarrasin, mais des udon à la farine de blé qui feront l'affaire. Quant au poisson, j'ai pris des filets de hareng fumé tout prêts à l'emploi. Pour la touche nippone, j'ai parfumé le tout avec du gingembre et de la sauce soja. A la toute fin, j'ai ajouté un jus de citron qui change tout, ne l'oubliez pas !
Pour 2 personnes :
2 fagots de nouilles udon ou soba - 4 filets de hareng fumé - 1 poireau - 1 citron - 1 cm de racine de gingembre - sauce soja - persil - graines de sésame - 1cs d'huile de sésame
Lavez et émincez le poireau. Dans une casserole assez grande pour contenir toute la préparation, faites-le suer dans l'huile de sésame avec le gingembre râpé puis laissez à feu doux 10 mn (ne salez pas).
En parallèle, cuisez les nouilles suivant les indications du paquet (mais ne salez pas). Coupez les filets de hareng en tronçons.
Ajoutez les harengs au poireau et laissez-les y tiédir 3 mn. Ajoutez alors les nouilles chaudes, arrosez d'une giclée de sauce soja et mélangez délicatement. Goûtez pour rectifier, si besoin est, la dose de sauce soja.
Terminez par du persil haché et le jus de citron. Servez de suite, parsemé de graines de sésame. Les amateurs de piment ajouteront une pincée, ou plus, de shichimi.
Passons maintenant aux choses sérieuses : la lecture. Ce roman est un des meilleurs que j'ai lus de toute ma vie. Il débute comme un polar, un meurtre, une enquête qui tourne court, mais il dévie bien vite vers tout autre chose dont je ne vous dirai rien.
Le plus important, en fait, n'est pas l'histoire mais la manière tout à fait unique dont l'auteur nous la raconte avec un talent et une intelligence extraordinaires. Comme un peintre impressionniste devant sa toile, Keigo Higashino procède par petites touches, distille les détails de ci, de là et c'est peu à peu que nous découvrons le tableau dans son ensemble. C'est tellement agréable de tourner ainsi les pages, se laisser porter par les mots, emmener dans cette atmosphère envoûtante.
Je ne vous le cache pas, ce merveilleux plaisir de lecture demande quelque effort. 668 pages, un sacré pavé ! De plus, l'histoire se déroule sur plus de vingt ans, avec une foultitude de personnages qui vont, qui viennent, ne font que passer ou reviennent. Sans avoir pris de notes, j'ai dû parfois revenir en arrière pour vérifier qui était qui mais bon, avec un minimum de mémoire photographique, c'est faisable.
Quand le livre s'est terminé, j'étais un peu triste de l'abandonner. Mais l'avantage, c'est qu'on peut alors se consoler avec un bol de nouilles !
Si une longue, longue lecture vous rebute, pas de souci. Découvrez donc le génie de Keigo Higashino dans La maison où je suis mort, un petit bijou de 243 pages que je vous recommande tout aussi chaudement.
Ciorane